Les mille visages de la destructivité : comprendre autrement les troubles des apprentissages

Dépasser les définitions classiques des troubles des apprentissages
Les troubles des apprentissages, souvent appelés “dys”, recouvrent une variété de difficultés spécifiques qui affectent le développement des compétences scolaires chez l’enfant. Dyslexie, dyspraxie, dysphasie, dyscalculie, troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) : ces diagnostics tentent de cerner des troubles neurodéveloppementaux, mais ils peinent parfois à en saisir la complexité humaine.
Et si l’on se permettait de dépasser les approches normatives et les protocoles stricts pour observer ce que ces troubles disent du sujet dans sa singularité ? Envisager les apprentissages non comme un processus mécanique, mais comme un acte psychique profond, permettrait de déplacer le regard porté sur ces enfants souvent réduits à leur déficit.
La destructivité : un concept pour penser autrement les difficultés
Le terme de destructivité évoque une force psychique tournée vers l’annulation, la fragmentation ou la négation. Dans le champ psychanalytique, elle renvoie à une dynamique interne qui ne vise pas nécessairement la destruction extérieure, mais parfois la mise en échec du lien ou du sens.
Chez certains enfants en grande difficulté scolaire, on observe des résistances profondes à apprendre, des pertes massives de motivation ou des rejets radicaux du savoir. Plutôt que de les interpréter comme des déficits cognitifs isolés, ces comportements pourraient être pensés comme l’expression d’une destructivité à l’œuvre, une tentative de préserver un équilibre psychique menacé.
Des gestes symptomatiques qui racontent une histoire
Par exemple, un enfant qui déchire systématiquement ses cahiers ou qui efface compulsivement ses exercices peut manifester un conflit interne entre désir d’apprendre et terreur de réussir. La destructivité s’exprime ici de manière muette, mais puissante. Elle ne se corrige pas, elle se comprend.
Des enjeux relationnels profonds
L’enfant en difficulté n’est jamais seul face à l’apprentissage : il est en lien avec ses enseignants, ses parents, ses thérapeutes. La destructivité peut aussi viser ces liens, exprimant une lutte contre un environnement perçu comme trop intrusif ou exigeant. Redonner une place à la subjectivité permet d’entendre ces gestes autrement.
Changer de regard pour mieux accompagner
Abandonner la seule logique du “réparer” ou du “normaliser”, c’est offrir aux enfants une chance d’exister autrement que comme porteurs d’un trouble.
Accueillir l’impensable dans le parcours scolaire
Une approche plus compréhensive suppose d’aménager des espaces où la parole, le jeu, ou même le silence peuvent exister. Le soutien ne réside pas uniquement dans l’adaptation pédagogique, mais dans une posture relationnelle qui valorise l’enfant au-delà de ses performances.
Vers une pédagogie du sujet
Plutôt que de penser l’apprentissage comme un objectif extérieur à atteindre, il s’agit de le concevoir comme une aventure intérieure. Certains enfants “apprennent” en détruisant ce qu’ils reçoivent. Il ne s’agit pas d’y voir un refus, mais une manière singulière de s’approprier le savoir.
Articuler les apports cliniques et pédagogiques
Une meilleure prise en charge des troubles des apprentissages implique de faire dialoguer les disciplines : neuropsychologie, pédagogie, psychanalyse, sociologie… Ce regard croisé permet d’ouvrir des pistes nouvelles, moins pathologisantes, plus respectueuses du sujet.
La force d’un regard pluriel face à la complexité
Face à la complexité des troubles des apprentissages, un changement de paradigme s’impose : de la norme vers la nuance, du déficit vers la dynamique, du symptôme vers le sujet. Nommer la destructivité, c’est reconnaître une part vivante, conflictuelle et créative dans le refus d’apprendre. C’est aussi ouvrir un chemin d’écoute et de transformation.
FAQ
Quels sont les principaux troubles des apprentissages ?
Les principaux troubles sont la dyslexie, la dyscalculie, la dyspraxie, la dysphasie, le TDAH et les troubles du langage écrit ou oral.
Comment repérer la destructivité chez un enfant en difficulté scolaire ?
Elle peut se manifester par des refus d’apprendre, des comportements d’auto-sabotage, une agressivité passive ou une démotivation radicale.
Pourquoi parler de destructivité dans le cadre des apprentissages ?
Cela permet de dépasser la logique déficitaire et de comprendre les résistances comme des expressions d’un conflit psychique à entendre.
Comment accompagner autrement les troubles des apprentissages ?
En adoptant une approche pluridisciplinaire et en valorisant la parole de l’enfant, on peut créer un cadre plus adapté à ses besoins profonds.